Un choix de vie … La suite
Trois ans sont passés depuis la création de notre Ferme en Camargue. Les premiers mois ont été consacrés aux travaux : les lieux, n’ayant jamais été entretenus auparavant, étaient assez dégradés. Il a fallu casser, arracher, labourer, nettoyer encore et encore avant de pouvoir recréer, construire, planter et préparer les installations pour les futurs petits et grands occupants à quatre pattes !
Trois mois après notre installation nous avons accueilli nos six premiers alpagas : Trois femelles pleines et leurs petits. Une des femelles a fait une fausse couche plus tard mais deux bébés alpagas (crias)sont nés l’été suivant. Nous avons complété l’équipe d’animaux fermiers avec un lama, un couple de paons blancs et 6 poules d’ornement, qu’on appelle aussi poules de luxe pour faire la différence avec les poules pondeuses moins chères. Tous nos animaux ont un nom, un espace de nuit confortable, de la bonne nourriture et l’accès à tout l’espace extérieur de la ferme.
Les animaux ont tous leur caractère, et quand on vit avec eux au quotidien on s’habitue à leurs comportement respectifs (le paon toque à la porte de la cuisine pour réclamer des friandises, une des poules attend pour être accompagnée au poulailler pour la nuit, un alpaga aime manger ses granulés à la cuillère…
Dans notre « ancienne vie » nous faisions tous les ans un grand voyage et dès le retour je commençais à préparer le prochain. Entre les voyages je travaillais, je rêvais, j’attendais, je planifiais et je m’inquiétais d’éventuels problèmes qui pourraient nous empêcher de partir.
Dorénavant je ne pense plus aux vacances : avec une ferme on travaille tout le temps : du matin jusqu’au coucher du soleil, lundi au dimanche. Mais si avant je profitais de la vie surtout pendant les vacances, maintenant je me sens vivre tous les jours ! La Ferme et les animaux nous apaisent et nous donnent de l’énergie. J’ai retrouvé une créativité dans la peinture que je croyais avoir perdu pour toujours, je regarde la Ferme évoluer jour après jour et ma seule angoisse est de ne plus pouvoir persister ici.
Nous avons eu beaucoup de dépenses imprévues et par moment la peur d’être obligé de vendre la Ferme me saisit. Mais mon intuition me dit que nous avons fait le bon choix et après chaque période de doute je vois des signes qui me relancent dans la direction de l’espoir.
L’an dernier nous avons installé une petite roulotte que nous avons baptisé « Pura Vida » pour accueillir des clients pour des nuits ou des week-ends insolites. Mon mari s’est chargé des tâches lourdes comme l’isolation et la tuyauterie et moi de la déco. Petite, je rêvais d’avoir un petit hôtel familial et cela me plaît beaucoup de m’occuper des clients, leur servir le petit déjeuner sous le parasol camarguais et de leur présenter nos animaux. Je me rends compte que tous mes anciens emplois me servent dans ma nouvelle vie : serveuse dans une brasserie Parisienne, secrétaire, conseillère en immobilier, ma formation de guide touristique, éducatrice spécialisée et bien sûr zoothérapeute. Je regrette seulement de ne pas avoir des notions d’infirmière ! Les frais de vétérinaires sont importants mais maintenant nous avons appris à donner des injections, à assister à une mise bas… Nous étudions les comportements des bêtes et essayons continuellement d’améliorer leur bien-être. Mon mari est bon bricoleur et pendant la canicule cet été il a construit un nouvel abri soleil qui a été adopté dès le lendemain par nos camélidés !
Quand nous avons débuté notre projet nous avions pensé pouvoir vivre avec la vente d’alpagas, des articles de laine et de la création d’une ferme thérapeutique. Finalement ce sont les nuits de la roulotte ainsi que des visites privées de la Ferme qui nous servent de gagne-pain. Les séances de médiation animale dans des établissement extérieurs contribuent également et la dernière activité de lamathérapie dans les ehpad est un franc succès : nous avons été interviewés pour la télé et la radio locale et nous espérons pouvoir continuer cette activité qui plaît énormément aux résidents des maisons de retraite.